Elior réduit sa perte annuelle mais plonge en Bourse
Le groupe de restauration collective Elior a nettement réduit sa perte annuelle au cours de son exercice décalé 2023/2024, affichant une rentabilité conforme à ses prévisions, mais n'a pas convaincu les investisseurs qui ont fait dégringolé le titre en Bourse.
D'octobre 2023 à septembre 2024, le groupe affiche une perte nette de 41 millions d'euros, contre 93 millions d'euros sur l'exercice précédent, selon un communiqué publié mercredi.
Elior, très endetté et en déficit après la crise sanitaire, a été repris il y a un an et demi par le spécialiste du recyclage Derichebourg, via une augmentation de capital et l'apport des activités du pôle multiservices DMS à Elior.
Le chiffre d'affaires annuel a atteint 6,05 milliards d'euros, en hausse de 15,9% sur un an et de 5,1% en croissance organique (hors effet périmètre et effet de change), conforme aux prévisions des analystes.
Le groupe vise pour 2024/2025 une croissance organique du chiffre d'affaires comprise entre 3% et 5% et a confirmé dans un communiqué son objectif de synergies de coûts avec le pôle multiservices DMS d'ici 2026.
Il table également sur une marge d'exploitation (Ebita ajusté) "supérieure à 3%" pour le prochain exercice, ce qui a pénalisé le titre à la Bourse de Paris, les analystes interrogés par Bloomberg misant en moyenne sur une marge de 3,41%.
Le titre a perdu 24,30% à 3,12 euros, dans un marché qui a fini en baisse de 0,43%, sa pire perte sur une séance depuis septembre 2022.
Interrogé sur un objectif de marge jugé "prudent" par les analystes lors d'une conférence téléphonique mercredi, le directeur financier Didier Grandpré a fait valoir "le contexte macroéconomique et réglementaire encore incertain", notamment en ce qui concerne l'évolution des charges et de la taxation actuellement discutée dans le cadre du projet du budget 2025, ainsi qu'une "inflation moins forte".
Il a toutefois jugé "prématuré" de calculer l'impact pour Elior des mesures discutées dans le projet de budget, encore en discussion au Parlement.
"Il est vrai que nous sommes prudents au vu du contexte politique et économique actuel. Mais nous sommes aussi très confiants dans la capacité d'Elior à délivrer une belle performance sur l'exercice 2024-2025", a assuré le directeur financier à l'AFP.
-Hausses de prix -"En deux exercices seulement, Elior est passé d'une perte de 48 millions d'euros en 2021/2022 à un Ebita positif de 167 millions d'euros en 2023/2024", a-t-il salué.
L'Ebita (bénéfice d'exploitation avant intérêts, impôts et amortissement) a bénéficié notamment de "hausses de prix répercutées auprès de nos clients pour compenser l'impact de l'inflation" et des "mesures d'efficacités opérationnelles engagées depuis l'intégration de DMS", précise le communiqué.
Pour les analystes d'Oddo BHF, qui s'attendaient à un retour dans le vert, c'est le résultat net qui déçoit, selon une note.
Le groupe, qui affichait un bénéfice net de 1 million d'euros au premier semestre, est marqué par une forte saisonnalité avec moins d'activité au deuxième semestre en raison des congés d'été.
Le deuxième semestre a également été pénalisé par des dépréciations sur des relations clients acquises aux Etats-Unis il y a une dizaine d'années et des impôts sur les bénéfices plus élevés, selon M. Grandpré.
"Nous avons l'ambition de tenter d'atteindre un résultat net positif à court terme", a-t-il ajouté.
Elior a en outre confirmé ses objectifs financiers à moyen terme, à savoir des synergies annuelles récurrentes à horizon 2026 de 56 millions d'euros, contre 30 millions d'euros au moment de l'annonce de l'intégration des activités DMS.
Par activité, le chiffre d'affaires de la restauration collective s'élève à 4,38 milliards (+5,5%) sur l'exercice et celui des services (nettoyage, entretien d'espaces verts...), à 1,65 milliard d'euros, en croissance organique de 4,3% et avec une variation de périmètre de 555 millions d'euros, liée à l'intégration de DMS.
Le segment "corporate et autres", qui comprend les activités de concession "Ciel de Paris" et "Maison de l'Amérique Latine", a enregistré un chiffre d'affaires de 17 millions d'euros, contre 16 millions d'euros un an plus tôt.